Ferdinand IV et le duc d'Orléans : Palerme, 9-17 Mars 1813

FERDINAND IV ET LE DUC D’ORLÉANS 29

ma note, mais je n’abdiquerai pas, dites-le bien à Bentinck. Dites-lui bien aussi que je ne veux pas d'hostilités, et que quant à moi Je n'en commettrai pas très certainement.

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Après cette longue et pénible conversation, je m'en allai chez lord William m'acquitter de la commission du Roi et, ayant écouté de mon mieux ce qu'il voulait que je dise en réponse à Sa Majesté, je retournai chez le Roi à trois heures, selon ce que le Roi m'avait ordonné: et, le Roi ayant cCommencé par me demander :

— Eh bien! où en sommes-nous? Bentinck est-il content?

Je lui répondis :

— Sire, je dois malheureusement dire à Votre Majesté qu'il ne l’est pas.

— Et qu'est-ce qu'il veut donc? quand je lui cède tout ce qu'il demande,

— Sire, c'est que malheureusement il ne voit pas la chose comme cela. D'abord, Sire, je dois vous dire que je ne suis pas arrivé à un moment favorable. Car lord William venait de recevoir des avis que Votre Majesté avait envoyé des ordres à des colonels de volontaires de se préparer : on lui a dit, au prince de Trabbia ! et au duc de Cruillas, qu'onne regarde pas comme bien disposés pour l’Angleterre ; et 1l lui a été dit, en outre, que Votre Majesté répandait de l'argent dans le peuple, qu'Elle avait appelé les consuls des Métiers, etc.

— Tout cela est faux, me dit le Roi, très agité. Je vous prie de dire au plus vite à Bentinck que tout cela est faux, que je lui donne ma parole de Roi et d'homme d'honneur que je n'ai donné aucun ordre à aucun colonel des volontaires. Oh, quelle absurdité! Tout cela est inventé par des coquins qui ne veulent que le trouble. Au contraire, j'ai dit à tout le monde : Tenez-vous tranquilles, que personne ne bouge. Vous voyez qu'après que Bentinck a pris aussi mal les acclamations qui m'ont été faites quand j'ai été à la cathédrale, je ne suis plus sorti de chez moi. Je suis

1. Il s’agit ici du fils d’un des plus fidèles serviteurs de la famille royale.