Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu, S. 62
36 GENTILSHOMMES DÉMOCRATES
Vous violez la liberté des personnes et des opinions, s’écrie le député Folleville.
(Murinais interrompt avec violence.)
— Murinais à l'Abbaye !
M. le Président. — Je déclare à la nation que M. Murinaïis trouble l'Assemblée nationale et je le rappelle à l’ordre.
(Un tumulte épouvantable s'élève dans la partie droite.)
M. le Président se couvre, dit le Moniteur officiel.
M. Faucigny (au président). — Et moi, je vous dénonce à la nation.
(Un grand nombre de voix à gauche : « A l'Abbaye, M. Faucigny, à l'Abbaye ! » |
Impassible, respectueux de la prérogative parlementaire pendant cette séance, une des plus houleuses des États généraux, Noailles (1) s’obstine dans sa modération, donnant l'exemple du respect dû à la souveraineté populaire dont est investi son accusateur.
Durant cette mème présidence, le roi fut gravement malade. A l'ouverture des séances, Noailles lisait aux députés le bulletin de santé de Louis XVI. Voici un modèle entre dix de ces bulletins :
Séance du vendredi 11 mars 1791.
MoxsEUR LE PRÉSIDENT.
L'état modéré de la fièvre nous à déterminés hier matin à donner un grain detartre émétique en lavage, lequel a procuré des évacuations copieuses par le vomissement et les selles ; elles ont été faciles et ont beaucoup soulagé. Le reste de la journée a été assez calme. La nuit a élé tranquille; au réveil le pouls est encore fréquent, mais il est souple. Les urines sont toujours foncées et peuabondantes.
(1) Séance du 1 mars 1790.