Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

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valeurs qui étaient le gage de ses créanciers, le mettait aux prises et avec le besoin et avec honneur.

Pinet survéeut trois jours; il révéla tout. Leblanc, son beau-frère, après avoir fait dresser des procès-verbaux et recueilli les aveux de la victime, fit assembler les créanciers de Pinet; il les assura que cette mort laissait des nuages qui se dissiperaient bientôt pour eux; que sa mémoire plus tard serait réhabilitée.

Cet assassinat futentouré de mystère et de précautions qui firent errer les soupeons. On fit disparaître le procès-verbal qui rappelait que Pinet avait été atteint derrière la tête, et que la bourre W'avait point été retrouvée dans les plaies; ce qui éloignait Pidée d’un suicide. On eut soin d’imprimer la terreur dans l'âme des créanciers, afin que leur insistance pour être remboursés fût moins vive, et qu'ils abandonnassent leurs recherches. On leur apprit que pour conserver leur vie il fallait se taire; et bientôt ils virent qu’il y avait prudence. Tous ceux qui avaient prêté à Pmet, furent signalés comme des accapareurs de grains; la vindicte populaire bondissait sur eux et les mettait à mort.

Quoique le genre de mort de Pinet fût couvert d’an voile épais, ilse laissa deviner. Le marquisde Condorcet, l’un des confidens du duc d'Orléans, annonça, le lendemain de lassassinat, dans la