Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

170 HISTOIRE

Peu après, Flesselles, en descendant le perron de l'Hôtel-de-Ville, vit venir à lui un homme bien mis; il le reconnut : c'était Moraire, orfèvre. Cet homme s'approche, tire de sa poche un pistolet, le place dans l'oreille de Flesselles, et lui fait sauter la cervelle. Le peuple eut une victime de plus pour la lanterne.

Les massacres du mois de Juillet n'étaient pas clos; le pilier de mort reçut Foulon, intendant des finances, et Berthier, son gendre : le premier fut trainé dans les rues de Paris, bâillonné avec du foin; car le prétexte de son supplice fut d’avoir ordonné une coupe de blé vert. I avait autour du cou un collier de chardons; on le forca à marcher pieds nus, et, à chaque pause, on essuyait avec des orties la sueur de son visage. Berthier, garrotté sur une charrette, eut devant les yeux la tête sanglante de son beau-père qu'un Cannibale portait sur une pique. Il fut lentement mis à mort.

Le premier sang d’une révolution avait coulé : Louis XVI, dont l'énergie était tout au cœur, voulut faire digue, seul, au flot qui mugissait : après ces journées de meurtre, il se rendit à pied, sans armes , sans escorte, suivi de ses frères , à l’assemblée des États. Là, il livra sa pensée ét sa vie à l'investigation des représentans de la France. Il parla aux députés en frère, et non en monarque, les suppliant « de faire cesser les scènes de carnage et de ramener la tranquillité publique. »