Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

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la tour du Temple! » Cette mort avait done été convoitée par le poison (1).

On avait relégué la royale victime dans la Chambre que Louis XVI avait occupée, et dont on avait muré les fenêtres. On tenait le captif au secret; les municipaux et les geôliers avaient seuls le droit d'y pénétrer.

Ce lieu, où l'enfant roi avait recu les derniers embrassemens paternels, eut seul le secret des souvenirs de sa solitude; en franchissant le seuil de mort de son père, Louis XVII scella sa pensée: il ne prononça plus un mot, l'expression de ses souffrances n’était que dans ses regards; la trace des larmes n’apparut même plus sur ses joues creusées ; il avait tant pleuré, que ses larmes retombaïent en dedans. Là, son martyre se consommait Jour à jour, car toutes les fibres vitales étaient limées en lui; une seule vibrait, c'était celle de l'âme. ;

Les progrès du malheur amenèrent chez le jeune roi la maladie du tombeau. Les symptômes devinrent si intenses, que la municipalité de

(r) Sous Robespierre, un pharmacien de Paris vint déclarer « que

« les Jacobins lui avaient offert une somme de 100,000 écus pour

« avoir le secret d’un poison lent ct efficace. » On lit aussi dans le

Manuel des Assemblées primaires, qui accuse Talien de la mort de

© Louis XVII, cette apostrophe : « Si tes joues ne sont pas humectées « de larmes, eu lisant cet article; si ton cœur n’est pas froissé par

« le repentir... tu nes pas un homme..! » Les mémoires manusa

crits d'Henri de la Rivière ont révélé que le dauphin fut empoisonné

dans un plat d’épinards, par un guichetier qui sortait des gardes fran=

Caises,

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