Histoire de la Russie, réduite aux seuls faits importans : avec la Carte générale de la Russie, gravée par Tardieu l'ainé

( 245 )

la noblessse , et se populariser à ses dépens. Vêtu d’un habit vert chamarré de galons d'or, il tâchoit de satisfaire à la fois à son amour pour le faste , et à cette fausse modestie dont personne n'étoit dupe. Chacune de ses entrées à Pétersbourg étoit marquée par des têtes brillantes et bizarres, plus propres à singulariser celui qui les donnoit, qu'à civiliser un peuple qu'il plongeoït dans la misère, en paroissant vouloir le polir.

On a reproché aux Russes leur peu de docilité aux réformes; on les a peint comme indignes d’avoir pour empereur un homme de génie qui faisoit l'impossible , dans la seule vue d'élever sa patrie à la hauteur du reste de l'Europe. Mais quelle confiance peut-on avoir dans les projets d'un réformateur , ami du luxe et des beaux habits, me payant pas ses soldats, et les laissant manquer de tout: d'un législateur prêchant la philosophie à son clergé, et affichant les mœurs les plus dissolues; d'un roi vandale, se donnant tous les tons d'un protecteur des arts, et livrant au besoin les artistes qu'il a recrutés dans fous les coins de l'Europe; d'un homme d'état bâtissant des villes, creusant des canaux pour fa jonction des mers, et abandonnant le come