Histoire de la Russie, réduite aux seuls faits importans : avec la Carte générale de la Russie, gravée par Tardieu l'ainé

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remarquer combien les supplices abâtardissent l'espèce humaine. Plus il yen a dans une contrée, plus ils y sont atroces , moins il ÿ a de vertus et de mœurs dans ce pays. Rien ne prouve mieux l'immoralité et le peu de génie du législateur , que l’atrocité des supplices qu'il invente ou qu'il conserve.

Une princesse sensible, humaine; telle qu'on voudroit nous le faire croire d'Elisabeth , se seroit hâtée de retirer aux seigneurs russes l'atroce privilége des battoks, et eût défendu à la justice l'usage du knout. Pétrouna, loin de penser à cette réforme, s’amusoit quelquelois de ces supplices et y assistoit. Une impératrice., jalouse de passer pour avoir beaucoup d'équité et de modération , eñt renoncé aussi à la confiscation des biens de ceux à qui elle accordoit la vie, et n’eût point enveloppé les familles dans la Proseription des individus.

Jadis on vit des évêques qui, pour ne pas enfreindre les canons de l'église qui leur défendoient de verser le sang humain , même à la guerre , s'armer d'une lourde massue pleine : de nœuds, en guise d'épée, et écraser la tête de’leurs ennemis , au lieu deles égorger. Elisabeth disoit avoir horreur du sang. et res-