Histoire des deux conspirations du général Malet

DU GÉNÉRAL MALET 113

Dans une de ses premières lettres au duc d’Otrante Malet disait : « Votre Excellence sera suffisamment convaincue qu'avec les âmes généreuses on obtient plus par la modération que par la rigueur. » Peutêtre, en effet, eût-on, par la clémence, désarmé Pancien complice de Demaillot. Mais dans le cœur de l’homme de Brumaire, il n’y avait pas de place pour un sentiment humain. Que lui importaient les larmes de l’épouse, les désespoirs des mères, les souffrances des familles, pourvu qu'il régnât tranquille sur un peuple abâtardi, et que dans les églises un clergé servile invoquât pour lui le Dieu des armées !

Cétaient assez d’humiliations pour le vieux général de la République. Il se le tint pour dit, et parut même se résigner à une captivité qui, pour lui, n'était pas sans quelque douceur, puisqu'il lui était permis de recevoir les visites de sa femme et de son fils. Mais de terribles orages grondaient en lui..Il sentit renaître dans son cœur l’âpre désir de venger à la fois ses affronts et son pays. Impassible et muet, dissimulant même, sous un air enjoué et serein, les graves préoccupations qui l’assaillaient, il attendit patiemment l’heure sûre et favorable de frapper et de détruire l'empire.