Histoire des deux conspirations du général Malet

DU GÉNÉRAL MALET 1

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qu'avant peu tout cela tomberait pêle-mêle dans les combats sanglants. La guerre de Russie devait coûter à notre pays quatre cent mille hommes au bas mot.

L'empereur partit sans convoquer le Corps législatif, comme le voulait la constitution que lui-même avait bâclée. Fut-ce par oubli, comme on la dit plaisamment, ou craignait-il que du sein de ce parlement servile et avili une voix ne s’élevat contre sa nouvelle folie, contre la téméraire aventure où, de gaîté de cœur, il allait jeter la France? Peu importe. La vérité est qu’il traitait le pays comme sa propre chose, et avec le large mépris que Ce Pays avait mérité, hélas! en abandonnant lâchement à un soldat parvenu la direction de ses destinées. Ainsi, mécontentement, désaffection inouie, profonde, regret amer de la liberté perdue, tel était l’état moral et matériel de cette pauvre France, avachie, courbée, méprisée et méprisable, quand, pour la seconde fois, Malet entreprit de l’arracher à ses fers et à sa honte.