Histoire des deux conspirations du général Malet

4 ILISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

Des témoins intéressés et peu intéressants, comme l'abbé Lafon, qui joua dans Paffaire un rôle de comparse, et la veuve Guidal, qui, en 1814, essaya de battre monnaie avec le sang de son mari, ont eu beau s’ingénier pour faire prendre le change à l'opinion et donner une couleur royaliste au mouvement révolutionnaire de 1812, opinion ne s’y est pas trompée, et l’action du général Malet est restée aux yeux du public ce qu’elle était réellement : un effort héroïque pour rétablir en France la grande République, à moitié étranglée dans le guet-apens de Brumaire et étouffée quatre ans plus tard sous les coussins d’un trône improvisé.

Les agents de Bonaparte mirent tout en œuvre pour ensevelir dans un secret profond le véritable motif de la conspiration Malet. Ils craignaient qu’on ne soupçonnât que l’âme de la République errait encore au milieu de cette France, livrée comme une courtisane aux lubricités tyranniques d’un despote éperonné. I’abbé Lafon avait donc parfaitement raison de leur reprocher d’avoir cherché à étouffer la vérité; mais où il avait complétement tort, c’était quand il imaginait de justifier le général Malet de lPimputation de jacobinisme.

Cette expression, dans la bouche de abbé Lafon, signifiait purement et simplement républicanisme.