Histoire des deux conspirations du général Malet

26 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

auxquels il s'était dévoué dès la première heure, il avait toujours su allier à l’énergie des convictions cette modération de caractère qui est le plus puissant auxiliaire des idées démocratiques.

C’était d’ailleurs une âme de feu dans un corps débile. Déjà, au plus fort de la Révolution, sa santé était fort altérée. Il se trouvait au mois de prairial de l'an II (mai-juin 1794) dans le département du Loiret, pour y combattre les ravages qu'y causait Phébertisme. Son ami, le littérateur Aignan, qui devait être plus tard de l’Académie française, et qui alors remplissait les fonctions d’agent national à Orléans, écrivait le 17 prairial au citoyen Deschamps, une des futures victimes de Thermidor : « Demaillot est malade, on craint une incommodité longue. » Cela n’empêchait pas le vaillant envoyé du comité de Salut public de lutter avec succès contre la secte odieuse dont les folies et les exagérations ne servaient qu'à accroître dans d’effrayantes proportions les ennemis de la République.

Et il y avait fort à faire à Orléans depuis que les hébertistes y avaient intronisé leurs furieuses pratiques. « Dans cette commune, écrivait Aignan, tout ce qui n’était pas agitateur était proscrit; le patriotisme timide, effarouché par l’audace impunie des fripons, n’osait élever la voix en faveur des