Histoire des deux conspirations du général Malet

DU GÉNÉRAL MALET 73

la bouche dans cette Assemblée, où il comptait parmi les rares opposants. Mais il n’en avait pas moins été de la phalange héroïque qui avait fait trembler sur leurs bases tous les trônes de l'Europe; et peut-être ne comparait-il pas sans amertume la situation présente de cette nation, courbée sous les volontés d’un maître, au rang élevé qu’elle occupait autrefois dans l’ordre moral, quand, les mains teintes du sang un roi, elle apparaissait au monde comme le génie de la liberté et le Messie des temps nouveaux.

Jacquemont, cet ancien membre du Tribunat, devenu chef de bureau au ministère de l’intérieur, dont j'ai parlé plus haut, servait d’intermédiaire entre le comité secret de la rue Bourg-lAbbé et les sénateurs moralement engagés dans la conjuration.

Sans doute le nombre de ces sénateurs n’était pas bien grand, mais cela importait peu. Que l'affaire eût réussi, et le Sénat tout entier se serait jeté entre les bras de la Révolution victorieuse.

Seul, ou d’accord avec les sénateurs en question — cest ce qu’il m'a été impossible d’éclaireir — Demaillot et Bazin rédigèrent un sénatus-consulte qui, se fondant sur la violation de toutes les libertés publiques et sur les abus de pouvoir multipliés de Bonaparte, abolissait les institutions impériales,