Histoire des deux conspirations du général Malet

DU GÉNÉRAL MALET 19

Pabsence de empereur, avait la direction suprême des affaires. Son hôtel était donc naturellement indiqué comme l'objectif et le quartier général de l'insurrection.

Mais déjà le gouvernement avait l'éveil sur la conspiration. Trop de personnes s’étaient trouvées initiées aux projets de Demaillot et de ses amis pour que le secret en eût été bien gardé. Quelques indices étaient arrivés aux oreilles de la police, et elle se tenait sur ses gardes.

Le général Malet, averti de cette circonstance quelques heures seulement avant le moment fixé pour la réalisation de l’entreprise, donna contreordre à tous les conjurés, malgré la vive opposition de Demaillot, qui voulait quand même risquer le coup. La police, disait-il, n’avait que des données incertaines ; à peine connaissait-elle le nom de quelques-uns des conspirateurs ; il était nécessaire de brusquer les choses ou tout était perdu.

Le vieux démocrate sentait bien qu’en matière de conjuration, 1l fallait frapper vite, et qu’ajourner, c'était perdre davance la partie. Il ne se trompait pas.

Le général Malet crut, au contraire, qu’en temporisant, on laisserait aux soupçons de la police le temps de s’assoupir, comme si la police lâchait aisé-