L'atomisme d'Épicure
nee
ception des anciens atomistes. Il enseigne que la matière n'est pas une masse immobile, car nous voyons les corps diminuer et s'épuiser. Les atomes, en diminuant un corps, vont en accroître un autre ; ainsi l'univers se renouvelle sans cesse, bien que la somme des atomes n'augmente ni ne diminue. Le mouvement des atomes du présent est le même que celui du passé et celui qu'ils garderont à jamais (x). Chez Lucrèce, l’agitation penpétuelle des atomes libres dans le vide est comparée aux mouvements éternels des particules dans les rayons du soleïl (2). Ainsi, selon Epicure aussi bien que selon Démocrite, la matière, composée d'atomes homogènes, se trouve dans un mouvement perpétuel (3).
Epicure a répondu à l'objection qu'Aristote a faite à l’ancien atomisme, d'après laquelle dans l’espace vide on ne peut pas distinguer le haut et le bas (4). Il accepte qu'on ne peut pas parler du haut absolu et du bas absolu par rapport à l'infini. Maïs il admet qu'on peut en parler dans le sens relatif, en tant qu'on fait la différence entre la direction de notre tête à nos pieds et la direction opposée. Donc on peut considérer distinctement le mouvement qui s'effectue à l’infini vers lle haut ef celui qui s'effectue à l'infini vers le bas (5). Epicure croyait avoir de cette manière écarté l’objection d’Aristote (6).
Mais il] a en vérité écarté l’objection du Stagirite contre
(4) CE. De R. N: Il, 67-69 ; 294299.
(2) CP Jbid. IT, 144-124; Arist. De anima, I, 2, 404, 1, où se trouve la même comparaison concernant les atomes de Leucippe et Démocrite.
(5) Cf: sur cette idée de Démocrite Arist. De gen. et corr. 325b, 10, Gédeckemeyer pense qu'en ce point Démocrite s’'inspirait de la philosophie d'Héraclite (p: 50). Cette opinion est arbitraire. En vérité, le mouvement des atomes produisant la génération et la dissolution des choses diffère essentiellement de l'écoulement de toutes choses d'Héraclite. Car ce mouvement n’est pas idenfique à Ja transformation qualitative de la substance des choses, comme chez Héraclite ; il produit seulement les choses composées, tandis que les éléments restent immuables.
(2) CE Phys. IN, 8, 21%b, 22 : Cic. De fin, I, 6, AT.
(5) D.L: 60.
(6) Plutarque se moque de cette explication de notre philosophe dans le Dedejectu oraculorum, 28, p. 495 d.