L'impôt des gabelles en France aux XVIIe et XVIIIe siècle : thèse pour le doctorat

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un chef. Mandrin pendant plusieurs années se livra à la contrebande et au faux-saunage en même temps qu’au banditisme dans le Lyonnais, le Dauphiné, le Forez et l’Auvergne et résista très longtemps aux troupes du roi. Il fallut recourir à la trahison pour s'emparer de sa personne. Il resta populaire en haine de la gabelle, le peuple le sarnomma « colonel général des faux-sauniers et contrebandiers de France » (1).

Des gentilshommes parfois se mettaient à la tête des fraudeurs (2); en Auvergne certains nobles faisaient publier au son du tambour que quiconque s’enrôlerait dans le régiment des faux-sauniers aurait 60 livres et un cheval (3).

Les agents de la gabelle étaient parfois impuissants devant ces bandes organisées; l’adjudicataire avait alors recours aux intendants pour lenr demander l'envoi de troupes afin de rétablir l’ordre. L'emploi des soldats pour réprimer le faux saunage avait ses inconvénients, car les troupes se livraient fréquemment à cette contrebande. Souvent mal payés el mal nourris, ils pratiquaient le faux-saunage pour leur compte ou prêtaient main-forte aux faux-sauniers et parlicipaient aux bénéfices. En 1707 des cavaliers et des dragons par bandes de 200 ou 300 hommes faisaient le faux-saunage à force ouverte, pillaient les greniers du Boulonnais et de la Picardie

1. Paul Boiteau, Etat de la France en 1789, p. 382. 2. De Boislile, Correspondance, t. 11, p. 1308. 3. 1d., t. II, p. 668.

Pasquier 8