La correspondance de Marat
246 LA CORRESPONDANCE DE MARAT
‘sont donc'uniquement attachés à me poursuivre, et, n'osant pas me décréter d'accusation sans un rapport préalable, . ils ont décidé que je serais envoyé :en état d’arrestation à PAbbaye. Eh quoi! Malus, d'Espagnac, Lamarce, ces infâmes dilapidateurs du ‘bien des pauvres, ontiété simplement détenus chez eux! Sillery lui-même, suspect de trahison, est simplement gardé à vue; et moi, le défenseur imperturbable de la patrie, l’apôtre ‘et le martyr de la diberté, je serai incarcéré par nos ennemis comme un malfaiteur, pour me punir d'avoir dévoilé leurs machinations, de les avoir forcés de s'avouer:eux-mêmes complices d’un généralissime conspirateur, qui machine pour rétablir la royauté. Non, il n’en sera rien, dussé-je périricent fois : c’est le cas ou jamais de résister à l’oppression. Comme ils ont blessé tous les principes de la justice et de la liberté, par le décret honteux rendu contre moi; comme ils sont déterminés à consommer la contre-révolution et à rétablir le despotisme; comme rien au monde ne peut lesrappeler au devoir; comme ils ont renoncé à toute pudeur; comme je suis leur accusateur primitif; comme ils sont grandement coupables, et comme ils sont résolus de perdre tous les patriotes énergiques, pour n'être pas perdus eux-mêmes ; ils veulent, à quelque :prix que «ce soit, se débarrasser de moi, dont ils redoutent la surveillance sévère. S'ils réussissaient à consommer leurs projets criminels à mon égard, bientôt ils en wviendraient à Robespierre, à Danton, et à tous les députés patriotes qui ont fait preuve d'énergie. D’accusateur, je ne serais pas seul réduit au trôle d’accusé. Je n'entends point me soustraire à l’examen de mes juges : mais je ne m'exposerai pas ‘sottement aux fureurs de mes ‘ennemis, des traitres à la patrie. Ainsi, tant que Salle, qui a cherché à soulever son département pour attenter à la liberté des commissaires de la Convention, et qui n’a cessé d’avilir la Convention elle-même, en la donnant comme complice duparti d'Orléans; tant que Barbaroux, :qui a donné Fordre : à sun bataillon de Mar-