"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

146

CHAPITRE 11.

l’étude de cette poésie avait un but véritable et qu’il y fallait apporter une méthode. On se demandera peut-être comment Fauriel fut amené à commencer par la Grèce ses investigations sur la littérature primitive. M. Galley, son dernier biographe, nous l’explique : Fauriel, à l’occasion de ses recherches sur les origines de civilisations néo-latines, et sur le moyen âge provençal et italien, avait dû se reporter souvent à l’histoire littéraire des pays grecs de l’empire d’Orient. En ce qui concerne l’étude de la langue grecque vulgaire, il avait dû rechercher avec ardeur les documents nécessaires : les chants et les récits du peuple. C’est de cette étude que son livre est sorti 1 . « Le long Discours préliminaire et les commentaires qui précèdent les textes ne laissent aucun doute sur le soin que Fauriel apporta à ce travail de philologue, d’exégète et d’historien. Établir les textes sur des copies souvent incorrectes où l’on avait figuré la prononciation, conserver cependant la saveur des dialectes particuliers et respecter les idiotismes était déjà une tâche difficile 2 . » Mais Fauriel ne s’arrête pas là. Il compare ces textes aux romans grecs du moyen âge, aux autres documents d’une littérature populaire de cette époque, aux vestiges d’une littérature populaire antique signalés dans les œuvres venues jusqu à nous. —Une partie de ce Discour s,Va plus considérable peut-être, est l’observation attentive des conditions sociales dans lesquelles se développe la littérature populaire. Entre les arts qui ont pour objet l’imitation de la nature, disait-il, la poésie a cela de particulier que le seul instinct, la seule inspira-

1 J.-B. Galley, Claude Fa/wriel, membre de l'institut, mÿ-iSU, Saint-Étienne, 1909, pp. 285-286. 2 Ibid.