"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

LE MERVEILLEUX DANS « LA GUZLA ».

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drame à la Melpomène des boulevards; et quel succès alors ne lui est pas réservé 1 ! » Celte pièce était « dégoûtante » selon le Conservateur littéraire des frères Hugo 2 ; elle offrait, disaient les Lettres Normandes, «. des tableaux qu’une honnête femme ne peut voir sans rougir 3». Mais elle faisait fureur et tout Paris y allait. « Il n’était pas de petit théâtre qui ne voulût avoir son Vampire, dit M. Eslève dans son étude Byronet le romantisme français ; une lignée de ces monstres sortait delà nouvelle dePolidori et de son adaptation française : au Vaudeville, le Vampire de Scribe et Mélesville ; aux Variétés, les Trois Vampires de Brazier, Gabriel et Armand; sans compter les charges et les parodies : le Vampire, mélodrame en trois actes, paroles de M. Pierre de la Fosse, de la rue des Morts, et un Cadet Buteux au Vampire de Désaugiers4. » Malgré les plaisanteries dont il fut souvent la victime, le vampirisme resta longtemps à la mode : trois ans après la première représentation, la pièce de Nodier attirait encore la foule à la Porte-Saint-Martin, comme l’attirera à P Ambigu, vingt-huit ans plus tard, un drame

1 Mélanges de littérature et de critique, Paris, 1820, t. I, p. 417. 2 Tome 11, 1820, p. 245. Pourtant Hugo se concilia bientôt avec ce genre. 3 Tome XI, 1820, p. 93. 4 Voici encore quelques ouvrages du temps : Jacques Fignolet sortant de la représentation du Vampire, par M. A. R. ; Encore un Vampire ou Fanfan la Tulipe sortant de la Porte-Saint-Martin, par Émile 8.-L. ; Les Étrennes d’un Vampire, manuscrit trouvé au cimetière du Père-Lachaise ; Demoniana ou nouveau choix d’aventures surprenantes, de nouvelles prodigieuses, d’aventures bizarres sur les revenants, les spectres, les fantômes... par M m * Gabrielle de Paban ; les Fantômes nocturnes ou les terreurs des coupables, théâtre de forfaits offrant... des visions infernales; une nouvelle traduction du Vampire de Polidori, par A. E. de Chastopalli, le Vampire ou la Vierge de Hongrie, par le baron deLamothe-Langon, etc. 21