"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université
« LA GUZLA » DANS LES PAYS SLAVES.
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Pouchkine fit ces traductions entre l’automne 1832 et le printemps 1833. mais il ne les publia que deux années plus tard, dans une revue de Saint-Pétersbourg', la Bibliothèque de Lecture 1 . Quelques mois après cette publication, il les inséra au tome IV de ses Poésies, en y joignant un certain nombre de notes et une très intéressante préface 2 . Le poète russe reconnaissait avec une entière bonne foi qu’il avait cru à l’authenticité de ces ballades avant d’avoir entrepris son travail, mais qu’il avait appris plus tard qui en était le véritable auteur. Du reste, il le présenta à son public : Ce collectionneur anonyme n’était autre que Mérimée, cet écrivain fin et original, l’auteur du Théâtre de Clara Gàzul, de la Chronique du règne de Charles IX, de la Double méprise et d’autres productions des plus remarquables 3 dans la littérature française actuelle, si profondément et si piteusement tombée en décadence. Puis il raconta comment il avait été renseigné sur l’origine de ce prétendu recueil illyrique : « J’ai voulu savoir exactement, dit-il, d’où provenait la « couleur locale » de ces poèmes. A ma prière, mon ami S. A. Sfobolevsky], qui connaît Mérimée personnellement, lui écrivit à ce sujet. Il en reçut la réponse suivante : Paris, 18 janvier 1855. Je croyais, Monsieur, que la Guzla n’avait eu que sept lecteurs, vous, moi et le prote compris ; je vois avec bien du plaisir que j’en puis compter deux de plus, ce qui forme un joli total de neuf et confirme le proverbe que nul n’est prophète en son pays. Je répondrai candidement à vos questions. La Guzla a été composée par moi pour deux motifs, dont le premier était de me moquer de la couleur locale dans laquelle nous nous jetions à plein collier vers l’an de grâce
1 Bibliotéka dlia Tchténia, 1835, t. VIII (1" partie, p. 158) et t. IX (l pè partie, pp. 5-26). 2 Stikhotvorénia A. S. Pouchkina,, t. IV. Saint-Pétersbourg, 1835, pp. 115-177. 3 L’original porte : « extraordinairement remarquables ».