"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université
520
CHAPITRE xi.
et traducteur de plusieurs chansons serbes 1 ; suivant M. Wladislaus Nehring, ce fut lui qui fournit à Mickiewicz tous les matériaux nécessaires à ses leçons sur la poésie populaire serbe 2 . Quoiqu’il en soit, le nouveau professeur crut devoir prévenir ses auditeurs que la vraie poésie serbo-croate, dont il parlait, diffère complètement de cette prétendue traduction de l’illyrien parue sous le nom de la Guzla. « Ceux qui ne connaissent pas la langue slave {sic), disait-il, et qui voudraient lire en entier les poèmes que j’ai cités par fragments, peuvent en prendre connaissance dans la traduction anglaise de M. Bowring, mais surtout dans celle faite en allemand par M lle Thérèse Jakob, sous le nom deM. Talvj, traduction incomplète, il est vrai, mais très fidèle. En France, l’auteur connu du Théâtre de Clara érOsW publia, de 1825 à 1827 {sic) en gardant l’anonyme, une collection de poésies slaves. Cette collection causa une certaine sensation dans les pays du Nord. L’auteur prétendait connaître parfaitement la langue illyrienne. Il disait avoir parcouru le pays, et surtout avoir consulté un célèbre rapsode slave, Maglanovich, dont il donnait le portrait et la biographie. Dans ce recueil, excepté la ballade sur la Noble femme de Hassan-Aga, toutes les pièces paraissaient inédites. Les poètes slaves, ne pouvant pas se procurer les originaux, commençaient à traduire, ou plutôt à retraduire en slave cette traduction française. Cependant on voyait
1 Idem, p. 229. Unautre Polonais, quisignait « Charles deNoireIsle », a retraduit en français ces poésies serbes dans son ouvrage intitulé Poètes illustres de la Pologne (Cycle ukrainien, Antoine Malçzewski, Bolidan Zaleski, Sévérin Goszczynski), Nice, 1878, pp. 261275. On a déjà: très justement remarqué que les traductions de «Charles de Noire-Isle » sont de véritables « parodies inconscientes » de l’original. 3 Studien zur vergl. Literaturgeschichte,l. VI (1906), pp. 508-511.