La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives
268 POLITIQUE RELIGIEUSE DE LA RÉVOLUTION
entouré de guirlandes de chêne ; le bonnet de la liberté est placé sur sa tête ; sur ses épaules, flotte un manteau bleu, elle s'appuie sur une pique.
Les applaudissements recommencent ; les cris : « Vive la République ! », redoublent ; on agite en V’air les bonnets et les chapeaux ; la musique fait entendre de nouveaux accords civiques ; l’enthousiasme est dans tous les cœurs ; la déesse de la Raison est placée au devant de la barre vis-à-vis le président. Le silence succède aux acclamations.)
CHAUMETTE. — Vous l'avez vu, citoyens législateurs, le fanatisme a lâché prise ; il a abandonné la place qu’il occupait à la raison, à la justice et à la vérité ; les yeux louches n’ont pu soutenir l'éclat de la lumière, il s’est enfui. Nous nous sommes emparés des temples, qu’il abandonnaït. Nous les avons régénérés. :
Aujourd’hui tout le peuple de Paris s’est transporté sous les voûtes gothiques, frappées si longtemps de la voix de l'erreur, et qui, pour la première fois, ont retenti du cri de la vérité. Là nous avons sacrifié à la liberté, à l'égalité, à la nature ; là, nous avons crié : Vive la Montagne ! et la Montagne nous a entendus, car elle venait nous joindre dans le temple de la Raison. Nous n'avons point offert nos sacrifices à de vaines images, à des idoles inanimées. Non, c’est un chef-d'œuvre de la natüre que nous avons choisi pour la représenter, et cette image sacrée a enflammé tous les cœurs. Un seul vœu, un seul eri s’est fait entendre de toutes parts. Le peuple a dit : Plus de prêtres, plus d’autres dieux que ceux que la nature nous offre.
Nous, les magistrats, nous avons recueilli ce vœu ; nous vous l’apportons. Du temple de la Raison, nous venons dans celui de la Loi, pour fêter encore la