La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives
DÉCRETS DE L’ASSEMBLÉÉ CONSTITUANTE 49
Déjà, le 13 février 1790, la motion de l’évêque de Nancy avait été ajournée par l’Assemblée comme « trop embarrassante » (1) Dom Gerle croit devoir la reprendre pour son compte, le 12 avril. Ce chartreux naïf, quoique sincèrement rallié à la Révolution, ne soupçonna même pas le caractère franchement rétrograde de sa proposition ; dans son esprit, il ne s'agissait que de calmer les inquiétudes des ultramontains. Certes, l'Assemblée n'était pas animée de sentiments hostiles à la religion. Maïs, en reconnaissant le catholicisme comme religion d'Etat, elle eût porté atteinte à la liberté de conscience des citoyens. À une faible majorité, la discussion de la motion Gerle fut remise à la séance suivante .
Paris fut en proie à la plus vive effervescence et l'opinion publique s’indigna contre cette tentative de retour en arrière. Aux Jacobins, Gerle, surpris de l’orage qu'il avait déchaîné, promit de retirer sa fâcheuse motion. Elle est reprise, le 13 avril, par le cardinal de La Rochefoucauld.
On pourrait croire que les députés de la Gauche, imbus des idées philosophiques de leur siècle, firent entendre alors de véhémentes protestations. On est surpris au contraire, de leur altitude dans cette circonstance : ils ne surent opposer à la Droite que des objections bien
(1) C’est l'expression employée par l'évêque de Nancy. 8.