La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives
LA CONSTITUTION CIVILE DU CLERGÉ 31
ges in-8, il s'efforce de réfuter longuement toutes les théories gallicanes. Il n'oublie pas dése prononcer contre la liberté de conscience, qui lui semble un droit « monstrueux ». Cependant ce n’est pas encore la rupture définitive, car il demande aux évêques français s’il n'existe pas des moyens de conciliation que l’éloignement des lieux ne lui permet pas de découvrir.
Enfin Pie VI abandonne toute réserve, et son bref Charitas (ID), du 13 avril 1791, rend désormais tout accord impossible : c'est une véritable déclaration de guerre contre l’Assemblée nationale de France. Dès lors le schisme est consommé, car Pie VI proclame que toutes les élections d’évêques et de prêtres constitutionnels sont illégitimes et sacrilèges ; il enlève toutes fonctions ecclésiastiques aux élus ainsi qu'aux consécrateurs, et enjoint à tous ceux qui ont prêté le serment d'avoir à se rétracter dans les quarante jours (1).
Les brefs du pape furent très mal accueillis par l’opinion publique. Le 1er mai 1791, la Société fraternelle, présidée par Tallien, décida à l'unanimité qu’elle ferait, avec le bref du 10 mars, un feu de joie au beau milieu du PalaisRoyal ; cette manifestation eut lieu devant une foule pleine de gaîté. Le 3 mai, au même endroit, on brûla en grande pompe une effigie
(1) L’année suivante (19 mars 1792), Pie VI, dans un 3 bref
donne ses dernières monitions. Voir 2 partie. ke