La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 335

on est tenu de rester en doute. Toutefois notons que depuis plusieurs jours dans le public on annonçait des massacres; on en parlait beaucoup (voir les mémoires sur les massacres). Robespierre aurait dû penser qu’à ce moment faire arrêter un homme, c'était peut-être le condamner à mort. Cette idée, me semble-tl, aurait dû venir à un homme aussi réfléchi et aussi humain qu'était Robespierre, au dire de ses amis.

Mais voici qui, pour nous, importe le plus dans tout ce discours... « Des arrestations illégales ? s’écrie Robespierre, est-ce donc le code criminel à la main qu’il faut apprécier les précautions salutaires qu’exige le salut public, dans les temps de crise amenés par l'impuissance même des lois? Que ne nous reprochez-vous d’avoir brisé les plumes mercenaires dont l'emploi était de blasphémer contre la liberté? Que ne nous reprochez-vous d’avoir désarmé les citoyens suspects ? d'avoir écarté de nos assemblées, où nous délibérions sur le salut publie, les ennemis connus de la Révolution ? » — Voici, mis à nu, le raisonnement de Robespierre : « Nous étions en état de révolution, les lois étaient impuissantes, c’est-à-dire que beaucoup d'actes étaient commis en violation de telles et telles lois. Alors, nous avons à notre tour agi sans tenir compte des lois. — Nous avons frappé d'arrestation les journalistes et supprimé leurs feuilles, mais ce n’était pas abolir la liberté de la presse, car nous avions préalablement déclaré que nous frappions les journalistes pour avoir blasphémé la liberté. Nous avons emprisonné des gens qui nous gênaient, mais nous n'avons pas pour cela commis des arrestations arbitraires, ayant pris le soin préalable de déclarer ces gens suspects de mauvaises intentions. — Nous avons Ôôté à d’autres citoyens le droit de voter et même de se réunir, mais nous les avions auparavant qualifiés d’ennemis de la Révolution ou dela patrie, et noas nous étions qualifiés nous-mêmes de sauveurs de la patrie. » — Robespierre ne se doute pas de la naïveté de son argumentation. Il est vrai qu'il ne l’habille pas trop mal, lit-