La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

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mères, à leurs femmes. — Et puis, ce qu’il faut savoir avant tout, c’est que l'élan fut magnifique par toute la France, égal à celui de Paris en beaucoup de villes, supérieur même en quelques-unes. Nousle verrons par les décrets de l’Assemblée.

L'héroïsme a donc existé là où la Commune de Paris ne le soufflait pas; ce qui fait au moins soupçonner qu'à Paris même son souffle ne fut pas l'indispensable agent.

Autres mesures que quelques historiens trouvent admirables : « La Commune saisit les armes et les munitions qui sont entre les mains des gardes nationaux signataires des péti-

tions constitutionnelles ». — Oui, elle désarme illégalement ceux qu’elle suspecte d’être ses adversaires. — « Elle prescrit

la recherche et la réquisition de tout ce qui peut exister en munitions, en vivres et en fourrages dans les départements circonvoisins jusqu'à Rouen. » — C'est-à-dire qu’elle veut accaparer pour Paris et pour son camp des choses que le ministre de la Guerre préférerait avoir, au moins en partie, pour l’armée qui est en présence de l'ennemi. — « Elle arrête que toutes les grilles des monuments publics seront transformées en piques'. »— Contre qui, ces piques? contre les fusils et les canons de l’armée prussienne? Elles feraient là de belle besogne. Non, c’est pour armer les citoyens pauvres, qui sont en dehors de la garde nationale régulière. Ces piquiers vont servir le 28 et 29 août à accomplir les vastes arrestations nocturnes qui s’étendront sur tout Paris à la fois. « Elle arrête que tous les objets fusibles (fer, plomb, or, argent) qui se trouvent dans les églises seront convertis en engins de guerre ou portés à sa monnaie. » — Ce ne sera peut-être pas d’un grand effet pour le succès de la guerre, mais cela aura au moins l'effet immédiat de vexer les catholiques, à quoi la Commune tient beaucoup, — si bien que les catholiques font

1. Se procurer des piques est, ce semble, une vive préoccupation de la Commune et de ses amis. On voit Danton, ministre de la Justice, accorder à Santerre 30000 francs pour des piques, au moment où l'on vient d'obtenir de l'Assemblée le vote de deux millions pour fabrication de piques. — Le sévère Cambon s’en scandalise. (Voir séance de la Législative du 10 octobre.)