La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales
ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 343
frapper d’ostracisme électoral les pétitionnaires dits les 8 000 et les 20 000.
Finalement Robespierre arrive à la lettre qui est annexée au rapport de Roland.
Cette lettre de Dubail, vice-président d’une des sections du tribunal criminel, dénonce à Garat, ministre de la Justice, les propos menaçants de Fournier l'Américain, un bandit avéré et homme d’exécution bien connu, éprouvé. Garat a communiqué la lettre au Conseil des ministres; le conseil l’a livrée à Roland, pour qu'il en fit usage dans le rapport que la Convention attend de lui. Toutes ces circonstances prouvées, authentiquées, rendent Roland irresponsable et de la lettre et de la communication à l’Assemblée; et cela très évidemment. N’importe, il y a de jolies phrases à faire là-dessus; Robespierre met Roland en cause et voici en quels termes : « Une lettre énigmatique, s’écrie-t-il, des brigands anonymes, des assassins anonymes! Au milieu de ces ténèbres, ce mot jeté comme au hasard : Ils ne veulent entendre parler que de Robespierre. » — Notez d’abord que le mot est de Dubail, non de Roland; et puis on ne voit pas où est l'énigme, où sont ces {énèbres, ni l'anonymat. La lettre nomme Fournier qui n’est pas un inconnu et désigne ses compagnons habituels que la police vous nommera quand vous voudrez. Et ici, bien préparée, arrive une apostrophe à Roland : « 0! homme vertueux, homme éternellement vertueux qui, etc. » Seulement cette apostrophe est ridicule comme toute apostrophe qui se trompe d’adresse. — On a envie de dire à Robespierre : « De grâce, tournez-vous vers la porte extérieure de l’Assemblée, car l'homme, à qui votre apostrophe convient, n’est pas Roland; et n'est pas ici. » Robespierre devient finalement absurde, quand, d'argutie en argutie, il arrive à dire à Roland : « Vous vous tourmentez pour arracher à la Convention une loi contre les provocateurs au meurtre, mais vous en seriez la première victime, car vous avez dit que j'aspirais à la tyrannie, et vous avez juré par Brutus d’assassiner les