La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

30 . LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

venus en grand nombre pour un crime assez mal déterminé. Elle entre ainsi dans une voie visiblement dangereuse à la sécurité des particuliers, et elle s’y résout sur cette raison très faible : « Plusieurs des jurés actuels près les tribunaux ordinaires n’ont pas la confiance des citoyens ». — Ces jurés n’ont pas la confiance du Thuriot, voilà ce que jusqu'ici, à défaut d'enquête préalable‘, on a droit de conclure de l'argumentation du Thuriot. Et l’Assemblée, sachant bien qu'elle vient de déférer au désir de la Commune, passe à d'autres affaires. Elle compte que la Commune va la laisser tranquille au moins sur ce sujet. L'Assemblée se trompe de plus de moitié.

Le 15, nouvelle ambassade de la Commune, et cette fois, Robespierre en est l’orateur.

« Si, dit-il, la tranquillité publique, et surtout la liberté tient à la punition des coupables, vous devez en désirer la promptitude, vous devez en assurer les moyens. Depuis le 10 août, la juste vengeance du peuple n’a pas encore été satisfaite! » — Comment donc, il y a quatre jours pleins depuis le 10 août, et le peuple n’est pas encore vengé! On n’a pas encore créé un tribunal, jugé, condamné, exécuté! — « Je ne sais quels obstacles invincibles semblent s’y opposer. » — Lisez dans la pensée de l’orateur ceci : «Je sais très bien quels obstacles s'y opposent ». — « Le décret que vous avez rendu nous semble insuffisant. Il n’y est parlé que des crimes commis dans la journée du 10 août, et c'est trop restreindre la vengeance du peuple, car ces crimes remontent ben au delà. Les plus coupables des conspirateurs n'ont pas paru dans la journée du 10. Ces hommes qui se sont couverts du masque du patriotisme pour tuer le patriotisme, ces hommes qui affectaient le langage des lois pour renverser toutes les lois, ce Lafayette qui n’était peut-être pas à Paris (le 10 août) mais qui pouvait y être, ils échapperaient donc à la vengeance nationale

1. On la fera après coup, celte enquête, et nous en verrons le résultat.