La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

38 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

peuple voit, entre lui et vous, une autorité supérieure qui, comme auparavant, ne ferait qu'embarrasser la marche de la Commune. Quand le peuple a sauvé la patrie, quand vous avez ordonné une convention nationale qui doit vous remplacer, qu'avez-vous autre chose à faire qu'à satisfaire son vœu? Craignez-vous de vous reposer sur la sagesse du peuple qui veille sur le salut de la Patrie qui ne peut être sauvée que par lui? C’est en établissant des autorités contradictoires qu'on a perdu la liberté... Daignez vous conserver les moyens de sauver la liberté. C’est ainsi que vous partagerez la gloire des héros conjurés pour le salut de l'humanité. C'est ainsi que vous emporterez avec vous les bénédictions d’un peuple libre. Nous vous conjurons de confirmer l'arrêté pris par le conseil général de la Commune de Paris, afin qu'il ne soit pas procédé à la formation d’un nouveau Département. » = Les discours de Robespierre, très médités en général, veulent être examinés à la loupe. Ils sont tout pleins d’intentions et, disons le mot, de sourdes, d’hypocrites offenses.

« Après le grand. acte par lequel le peuple souverain vient de reconquérir la liberté. » — De quel peuple l'orateur veut-il parler? Du peuple français, ce semble, puisqu'il dit « le peuple souverain », car assurément il n'y a en France de peuple souverain que celui de toute la France.

Mais quoi? le peuple français n’a pas fait le 10 août. C’est une plaisanterie de le prétendre parce qu’il y a eu à l'assaut des Tuileries quelques Marseillais, quelques Bretons, quelques individus d’autres départements, mêlés à une foule parisienne : cette foule parisienne elle-même ne peut pas être donnée sérieusement pour le peuple de Paris — lequel, encore une fois, ne saurait être qualifié de peuple souverain. — Vraiment, cet orateur déraisonne. — Après cela, voyez sa logique : parce que le peuple {(censément) a fait le 10 août, il faut toucher à la Constitution, abolir le régime établi des administrations départementales pour satisfaire l'ambition de la Municipalité de Paris, laquelle désire correspondre direc-