La Presse libre selon les principes de 1789
22 LA PRESSE peut s'exprimer ainsi, el, au milieu du chaos, le monde nouveau se forme sensiblement, visiblement.
Jadis, hébétées de respect et de terreur, les masses souffraient et murmuraient à peine, n’espérant rien. A l'approche de 1789, la nation, jusque dans ses bas-fonds, où nulle lumière n’a pénétré, est saisie de la fièvre de Pesprit de réforme; elle comprend ses maux et elle est résolue d’y mettre fin; les bras sont prêts pour l'insurrection de la justice.
Est-ce le jeu fatal ou providentiel des circonstances qui seul a produit un si prodigieux changement, non dans l’apparence des £#hoses, mais dans leur nature même ?
N'est-ce pas plutôt à l'héroïsme intellectuel d’une génération de philosophes pratiques, de publicistes d'action, qu’il faut rapporter ce miracle d’une société se détruisant de ses propres mains, se précipitant elle-même dans le gouffre pour la revendication des droits de l'humanité?
La logique est pour beaucoup, sans doute, dans l’enchaînement des événements historiques ; elle en dégage irrésistiblement les conséquences extrêmes. Mais la logique, mais les événements, qui les crée ? L'homme ; car rien ne se fait de rien.