La Presse libre selon les principes de 1789

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muets de la police, prétendent-ils ne laisser ni lire ni écrire ; en vain emploie-t-on les leitres de cachet contre les écrivains, la fourche ou le pilori contre leurs œuvres. De Montesquieu à Rousseau, de d’Alembert et Diderot à l'abbé Raynal, la philosophie crie du fond d’un cachot ou d’un boudoir, de la patrie ou de l’exil : liberté ! liberté ! Qu'elle entploie les presses suisses ou hollandaises ou anglaises, ou françaises, selon l’occasion, sans s'inquiéter des règlernents de la librairie, elle prouve la liberté par l'usage qu'elle en sait faire.

Dès 1753 (Mémoires du marquis d’Argenson, édition elzévirienne, t. IV., p. 129), c'est la censure elle-même qui se décourage et désarme, considérant fort raisonnablement « qu’il vaut mieux sarder l’argent dans le royaume, » pour les imprimeurs et libraires français, « que de le laisser passer à l'étranger. » Voici le directeur des priviléges du roi, le président de Malesherbes qui s’octroie le privilége de publier des Mémoires sur la librairie, dans lesquels il démontre l’absurdité des prétendues lois qu'il est chargé de faire exéeuter, et proclame le principe de la libre discussion.

Ce qui n'empêche pas que, jusqu'en 1775, on ordonne de brûler la Philosophie de la nature; que, jusqu'en 1781, on lance Panathème contre l'Histoire