La question du sel pendant la Révolution

Il

DE LA RÉUNION DES ÉTATS-GÉNÉRAUX AU VOTE DE LA LOI DU 23 SEPTEMBRE 1789

Attitude hésitante de Necker. — Diminution de la consommation du sel. Les commencements de |’ « action directe ». — Les émeutes de Versailles (21 et 23 août 1749). — Les propositions du Necker et de Du Port (27 août). — Brochures relatives au remplacement de la gabelle et de la régie du sel. — La dernière affaire plaidée devant le grenier à sel de Paris. — Discussions parlementaires ; vote de Ia loi d’ < adoucissement du régime des gabelles » (17 au 23 septembre).

Théoriquement l'abolition de la gabelle était donc réclamée et décidée par presque tous, bien avant la réunion des Etats Généraux. Mais de cette quasi-unanimité il y avait loin à la réalisation d’une réforme jugée indispensable. Au moment même de présenter aux élus de la nation son programme d’action, le gouvernement de Louis XVI hésite, ne veut trop promettre, cherche une formule qui puisse réserver l’avenir. Rien ne peint mieux cet état d’esprit que le long et fastidieux discours que Necker prononça lors de la première séance des Etats Généraux, le 5 mai 1780.

Voilà les paroles, peu claires, que le directeur général des finances consacrait à la brûlante question des gabelles ‘ :

« Ilest des impôts qui peuvent être modifiés différemment « dans chaque province, sans qu’il en résulte aucun préjudice pour « le reste du royaume... Mais il est des impôts dont le produit « s'évanouirait ou s’affaiblirait considérablement, si l’on dérangeait « partiellement les lois auxquelles leur recouvrement est assujetti. « Que dans une des provinces assujetties aujourd’hui à la gabelle « ou à la vente exclusive du tabac, ou voulût se soustraire à ces

1 Moniteur, n° 1, 5 mai 1789, édition in-f°, p. 8.