La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795
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comme elle, fimplifier tout, en renverfant l’un des contrepoids, & en fe débarraffant des régulateurs: Au lieu de deux Confeils Légiflatifs, dont le concert était néceffaire pour la rédaétion de tout projet de loi, elle n’en a voulu qu’un feul; encore a-t-elle réduit à une pure fition la prétendue initiative de ce Corps, en décrétant que fes membres feraient renouvelés châque année, c’eft-à-dire placés chaque année fous la main du peuple. Les dangereux effers de cette nouvelle organifation n’ont pas tardé à fe développer, Comme le nouveau Corps auquel on vient de confier exclufivement la préparation des loix, n’a plus été appelé à les peler avant de les foumettre à l’Affemblée du Peuple; à peine celle-ci les a-t-elle fanctionnées, que le Confeil Adminiftratif, privé de fon ancien concours, déclare qu’elles font inexécutablés, & le démontre au peuple, qui fe trouve perpétuellement forcé de les révoquer. Préfage affuré du fort inévitable qui attend celle des Français, fi, dans la fougue de leur efprit d’entreprife, ils tentent d’effayer la nouvelle Conititution qu’on leur propofe, ou s'ils fe flattent de faire jamais exécuter avec quelque fidélité leurs Décrets Nationaux par des miniltres qui n’y auront point concouru, & auxquels on les diétera comme des ordres, fans leur avoir demandé s’ils leur paraïffent dangereux, utiles, ou même exécutables. Que la France effaie, fi elle le veut, d’une combinaïfon auffi abfurde, l'expérience ne tardera pas à lui apprendre qu’un pareil Corps Exécutif fe trouverainftitué, non point pour refpecter les loix, mais précifément pour les méprifer, les haïr, & les laiffer violer. U 2