La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

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V avait-il vraiment une nation française avant 1789 ? Y avait-il vraiment une patrie ?

J’ai touché la question dans ma première conférence. La France, ai-je dit, ne semblait encore exister que par son roi, symbole d'une espèce d'unité morale et politique beaucoup plus nominale que réelle. Bien entendu, cette opinion n’est pas celle d’un Taine, qui, à propos des guerres de la - Révolution, écrit : « Le faisceau national a été solidement lié par la centralisation séculaire : il y a une patrie (1)... » Et, à coup sûr, il y a une patrie en 1793, et, non moins sûrement, c’est la royauté qui, depuis des siècles, l’a préparée ; maïs cette longue préparation, c’est la France de 1789 qui la fit aboutir. Ce qui manquait précisément à cette _ France, lors de la réunion des États généraux, c'était le faisceau dont parle Taine.

Ne pourrait-on même s’amuser à le mettre en contradiction avec un autre passage de ses Origines de la France contemporaine ? Dans son volume sur lPAncien régime, on peut lire, en effet : « Tandis qu’en Allemagne et en Angleterre, le régime féodal conservé ou transformé compose encore une société vivante, en France son cadre mécanique n’enserre plus qu’une poussière d’hommes... Déjà avant l'écroulement final, la France

(1) La Révolution, t. II, p. 476.