La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

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104 LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

régime, M. Edme Champion, a pu déclarer que certaines provinces n'avaient probablement jamais eu de personnalité véritable, et que celles qui avaient été les plus vivantes se trouvaient depuis longtemps « énervées, disloquées, soit par l’action du pouvoir, soit par des dissensionsintestines (1) »; mais voici un autre érudit, un autre de ces admirables chercheurs, aussi modestes que patients, grâce auxquels pourra s’écrire, un jour, une histoire définitive de la Révolution, voici, oserai-je dire, un de ces héros du désintéressement historique, dont l’incessant labeur, volontairement obscur par le choix des sujets, la minutie des recherches, la précision nécessairement aride des ouvrages où ils enregistrent les résultats de leurs longues enquêtes, voici M. Armand Brette établissant qu’en 1789 le mot « province » ne correspondaiït plus à rien de réel.

Je ne puis entrer ici dans le détail de la démonstration (2). Mais, à qui la connaît et n’est pas défendu contre l'évidence par un provincialisme fanatique, aucun doute n’est possible : ce vieux mot de province n’avait plus de sens précis qu'en matière ecclésiastique. Autrement, il était devenu aussi vague que les provinces elles-mêmes. — La

(1) Histoire Générale, publiée sous la direction de MM. Lavisse et Rambaud, t. VIII, p. 3.

(2) Le recueil de M. ArmanD BRETTE : la Convocation des Élais généraux vient d'être résumé par lui sous ce titre : les Limites et les Divisions terriloriales de la France en 1789. — C'est à ce résumé que j'emprunterai mes citations.