La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

LA RÉVOLUTION, LA PATRIE ET L'HUMANITÉ 1]07

qui? des anciennes provinces mêmes, peu nombreuses, qui avaient conservé leurs États provinciaux, — tels ceux du Languedoc ou ces États de Bretagne immortalisés par une page de Mme de Sévigné et par Chateaubriand dans ses Mémoires d'outre-tombe (1).

En créant les départements, la Constituante n'eut qu’un but : remplacer par une division simple et claire une division compliquée jusqu’à l’enchevétrement. N'est-ce pas le ministre Calonne qui écrivait à Louis XVI: « La France est un royaume composé de pays d'Etats, de pays d’administrations mixtes, dont les provinces sont étrangères les unes aux autres, où les barrières multipliées dans l’intérieur séparent et divisent les sujets d'un même souverain, où certaines contrées sont affranchies totalement des charges dont les autres supportent tout le poids, où la classe la plus riche est la moins contribuante, où les privilèges rompent tout équilibre, où il n’est possible d’avoir ni règle constante ni vœu commun; c’est nécessairement unroyaume très imparfait, très rempli d'abus, et tel qu’il est impossible de le bien gouverner. »

A ce désordre administratif et économique; à cette bigarrure de privilèges de villes ou d'anciennes provinces; à cette zébrure de douanes intérieures, mortelles au commerce et aux hommes, car, ici, l’on mourait de faim, tandis que là, tout près, il y avait pléthore: à vingt autres fâcheux

(1) Édition Edmond Biré, t. I, pp. 241-251.