La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

LA RÉVOLUTION ET L'ÉGLISE 43

sympathie que le bas clergé avait témoignée à la Révolution. Ce bas clergé, si malhenreux sous l’ancien régime, avait fait alliance avec le TiersÉtat pour sortir de sa misère moralé et matérielle.

Rappelons-nous qu'en 1789, l'Église possédant près de 4 milliards de biens et 200 millions de revenus (j'emprunte ces chiffres à Taine) (1), la porlion congrue d'un curé était seulement de 700 livres, celle d'un vicaire de 350! Et nombre de curés n'avaient pas même la portion congrue. Cependant, le haut clergé, presque tou entier noble, comme le bas clergé était, lui, tout entier de roture, faisait peser sur cette plèbe sacerdotale le plus lourd de ce qu’il appelait le don gratuit, car l'Église, cette richissime Église, avait su échapper à l'impôt et ne contribuer aux charges publiques que par des versements volontaires, dont le haut clergé fixait Le taux pour cinq ans dans ses Assemblées. Lui-même vivait dans un luxe souvent scandaleux. « Voyez, — dit Taine, que ses disciples, j'espère, ne récuseront pas, voyez le luxe des prélats qui ont un demi-million de rente, la pompe de leurs palais, les équipages de chasse de M. de Dillon, évêque d'Evreux, les confessionnaux garnis de satin de M. de Barral, évêque de Troyes, l'innombrable batterie! de cuisine en argent massif de M. de Rohan, évêque de Strasbourg (2). » Aussi les curés, lors des élec-

(1) L'Ancien régime, pp. 18-19. (2) Ibid., p. 97.