La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

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élargie, approfondie ; ils ne l’ont pas créée. Et, aussi bien à gauche qu’à droite, c'est une erreur trop répandue que de voir en eux des espèces d’inspirés ou de révélateurs: le plus original lui-même, au point de vue moral et social, Jean-Jacques, avec son libre génie, par tant de côtés nouveau, ne fut cependant pas cette espèce de Moïse apportant, d’on ne sait quel Sinaï, un décalogue révolutionnaire. M. Jaurès a encore raison de faire remarquer à quel point le dix-huitième siècle fut avide de documentation historique et sociale, précise et multiple. « Jamais Révolution, dit-il, ne fut préparée par une étude plus sérieuse ». — Que d'efforts en ce siècle de l'Encyclopédie ! « L'Académie des Sciences a publié un magnifique recueil de tous les procédés industriels et des inventions nouvelles. Sur la question du blé, des subsistances, les mémoires et les livres abondent, minutieux, soutenus de statistiques et de chiffres. Les économistes, dans leur recueil des Éphémérides, notent au jour le jour les variations des prix, les approvisionnements, l’état du marché ! Sur le régime féodal, sur les moyens pratiques et pacifiques d’abolir les droits féodaux par un système de rachat, livres et opuscules se multiplient (4) ». Et ce sont, dans le tiers du siècle, les mémoires substantiels des sociétés royales d'agriculture: ce sont les inspecteurs des manufactures adressant au

(1) La Consliluante, p. 27.