La terreur à Paris

158 Ë LA TERREUR A PARIS

« Aujourd'hui, dit un contemporain, les journalistes excercent le ministère public ; ils dénoncent, décrètent, règlent à l'extraordinaire, absolvent ou condamnent. Tous les jours ils montent à la tribune, et il est parmi eux des poitrines de stentors qui se font entendre des quatre-vingt-trois départements. Les places pour entendre l'orateurne coûtent que deux sols. Les journaux pleuvent tous les matins comme la manne du ciel, et cinquante feuilles viennent chaque jour éclairer l'horizon *.

Ainsi, la puissance du journal devient formidable :

« Avec des plumes, — dit Lamarie, — on a fait f..... à bas les plumets des preux; avec des plumes on a balayé des boulets, encloué des canons ; avec des plumes on a fait danser une gavotte à dame Bastille; ayec des plumes on a ébranlé le trône des tyrans, remué le globe et piqué sur les peuples pour marcher à la liberté ?... »

Les journaux se répandent dans la masse du peuple et excitent les passions. Beaucoup s’érigent en réformateurs de la morale.

Rivarol écrit :

« On entend aujourd’hui par philosophe, non l’homme qui apprend le grand art de maitriser ses passions et

4 Ce mot d'éclairer apparaît souvent dans les journaux révolutionnaires ; dans le plus grand nombre des cas, il est rapproché du mot incendie : « Le peuple s'éclaire aux lueurs de l'incendie. »

® Lettreb.… patriotique du père Duchesne, n° 199,