La terreur à Paris

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moyens d'intimidation qu'elle savait si bien mettre en œuvre, remplir les tribunes de ses satellites qui se désignaient à haute voix chaque député, à mesure qu'il montait au bureau du président pour motiver son vote, et quipoursuivaient de hurlements féroces chacun de ceux qui ne votaient pas pour la mort immédiate et sans restriction. »

Il y en a d’autres qui par peur ne disent rien, s'effacent le plus possible, se font tout pelits. Durand de Maillane et les cinq cents députés de la Plaine prennent la résolution de « se tenir constamment à l'écart sous l'égide de leur silenceet de leur nullité ». Le peuple les appelle les « crapauds du marais». M®° Roland écrit d'eux: « Ils laissent voir sur leur visage la pâleur de la crainte ou l'abandon du désespoir. »

Sous un regard de Robespierre, « leur cœur est maigri d'épouvante », dit Dussaulx *.

Le ministre Roland, qui a été à même de bien connaître ces honnètes modérés, tient sur eux ce langage * :

« Les uns, dit-il, craignaient les poignards dont j'étais moi-même menacé, les autres, se croyant quelque popularité, craignaient de la compromettre. On prétextait

! Mémoires. 2 Fragments pour servir à l'histoire de la Convention. # Mémoires de M'* Roland, note de F, Barrière,