Le Comité de salut public de la Convention nationale
328 LE COMITÉ DE SALUT PUBLIC
XIX
Le gouvernement révolutionnaire ne peut donc être accusé d’avoir,de parti pris,cherché à perpétuer la guerre générale. Il reste toutefois évident que la diplomatie n'a occupé qu'un rang secondaire dans ses préoccupations, et qu’il attendait la paix beaucoup moins des négociations que des victoires. « Vous le savez, disait Barère le 44 thermidor, depuis la coalition des tyrans, nos ambassadeurs sont des armées, et nos moyens diplomatiques des canons et des baïonnettes! »
En fait, les succès de nos armées facilitèrent singulièrement les négociations. Dans les derniers mois de 1794, l'Autriche a de nouveau perdu la Belgique, et après avoir vainement tenté de s'emparer de l’Alsace, elle a dû repasser le Rhin vaincue et découragée; elle devine qu’elle esten butte à l'hostilité sourde de la Prusse, qui, sentant qu’elle ne peut lutter à la fois contre la Pologne et contre la France, cherche à se rapprocher de nous; du Piémont, qui l’accuse de lavoir poussé à une guerre où il n’a éprouvé que des pertes. L’Angleterre est, il est vrai, victorieuse sur mer et aux colonies; mais elle n’a pas réussi à tourner contre nous la Suède et le Danemark : ses incursions dans la Méditerranée ont mécontenté l'Espagne, la Toscane, Naples ; son alliée la Hollande s'attend à étre envahie. La Russie maudit la Révolution, sans mettre pour celaun soldat en ligne; les autres Etats, Turquie, Suisse, Gênes, Venise,nous sont plutôt favorables; bref, la coalition est vaincue et prête à se dissoudre. Les victoires de l'automne de 1794 sur l’'Espagne et le Piémont, la conquête de la rive gauche du