Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

104 LE DRAME SERBE

Seuls parmi les Balkaniques, les Monténégrins ont répondu à l'appel de leurs frères de Serbie.

Je viens de les voir, les hommes de la Montagne Noire. Ils étaient quelques centaines qui passaient par Mitrovitza. Ils avaient marché huit Jours, gravi des monts, sauté des précipices, traversé des torrents. Ils allaient, calmes, fiers, bravant les misères de la guerre, la tête haute sous le minuscule bonnet rond cerelé de noir, car le petit peuple, après cinq cents ans, porte encore le deuil de Kossovo, la bataille perdue. Dans leur pays inaccessible, où un seul homme en faisant rouler des rochers arrêterait la marche d’une armée, les Monténégrins ont appris que la Serbie est enfoncée au Nord par l'Allemand, à l'Est par le Bulgare. Le pays de Karageorges est assiégé, coupé du reste du monde. Les Français arriveront ! Mais quand? La situation apparaissait désespérée. Les plus braves auraient hésité. Les Monténégrins ont crié : « Nous voilà ! »