Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

DEVANT KOSSOVO 109

droyante qu'il fallut faire sauter presque en entier les dépôts de munitions d'Uskub. Je l'ai vue, cette armée du Sud. J'ai vécu au milieu d'elle. Elle était improvisée sur place avec des moyens de fortune. Les dépôts de Macédoine étaient vides, mais les hôpitaux étaient pleins. Tous ceux quiavaient encore trois membres sur quatre se levèrent. Des gendarmes se mirent à la tête de ces sections de la mort : ca, c'était le fond. Le tambour battait dans les villages non encore envahis. On appelait les recrues de dix-huit ans, de dix-sept, de seize. On appelait quiconque pouvait porter un fusil. Les plus petits, ceux qui n’ont pas la force de soulever un mousqueton, pourraient jeter des bombes. Le dernier ban remit la garde des ponts à des femmes et vint prendre sa place de combat.

Les vivres manquaient déjà pour l’armée commepour la population. Mitrovitza étape des légations traquées, vécut en huit jours de ce que les citadelles assiégées vivent en huit mois. La pain, de blanc devint gris,