Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

220 LE DRAME SERBE

cre, devant le rivage. Il attend les moribonds pour aller les jeter en pleine mer. Par l'ouverture de la tente, ceux dont la tête peut encore se lever regardent le bateau fossoyeur qui attend. J’entre, vous entrez, une infirmière entre, un médecin, n'importe qui, et voilà l’agonie en commun qui s’interrompt. Un cri qui n'a plus rien d'humain passe sous la tente. Vous ne comprenez pas tout d’abord ce que cela veut dire. Alors quelqu'un vous explique. Les agonisants ont crié en serbe : « Vive le roi! »

Deuxième tableau. La mort sur la feuillée. En arrière de la tente, là sont les tranchées des latrines. L'heure suprême venue, le misérable s'éloigne de ses semblables, tout comme le chien s’en va crever seul dans un coin. Le moribond expirera dans l'effort d’une déjection suprême. Cuisses nues, dans des postures monstrueuses, il y a là sur la feuillée, dix, quinze, vingt cadavres.

Troisième tableau. La montagne des morts. Des infirmiers serbes ont entassé