Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

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venaient nous demander du pain, alors que nous-mêmes restàmes souvent trois Jours sans rien manger. Les rues de Scutari étaient jonchées de cadavres d'hommes morts de faim. Les avions allemands ne cessaient de venir nous bombarder. Le fils du préfet de Belgrade fut déchiqueté par une bombe à nos côtés. Les pilotes ennemis volaient à peine à 300 mètres de hauteur. Nos gendarmes n'avaient même plus assez de force pour épauler leur fusil et tirer. Nous étions isolés du monde. Il fallait deux semaines pour que l’une de nos dépêches diplomatiques pût parvenir à Paris ou à Londres. L'unique moyen de communication du gouvernement serbe avec le reste de l’Europe était le télégraphe de Durazzo, mais seul l’aéroplane pouvait parvenir jusque-là. Nous ne possédions plus qu'un vieil appareil dont lestoiles étaient enloques et le bois moisi. Un pilote français partait dessus, porteur de nos dépêches et pour passer il lui fallait chaque fois, au-dessus des montagnes albanaises, livrer combat