Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

54 LE DRAME SERBE

masses de ses fantassins. Le pont de bois de Lubitchevo, incendié par les Serbes, jeta au loin ses dernières flammes. La masse des tirailleurs allemands se montra. Enfin, on les voyait les Prussiens ! Mais il était trop tard : nous n'étions que deux cents. Lentement, la compagnie se retira par les hauteurs. En faisant vite, il me restait encore la possibilité de filer en auto sur la grande route. Le moteur ronfla. Nous dévalâmes le long de la pente. Nous n'étions plus qu’à 5oo mètres du carrefour.

— Gospodine, les uhlans |

Un peloton ennemi venait de surgir au fond de la vallée. Lance au poing, il nous barrait le passage. Comment le chauffeur bloqua-t-il ses freins ? Comment la machine vira-t-elle, ou littéralement enlevée sur nos épaules ? Je ne sais. Toujours est-il qu'après une course folle à travers champs, après avoir franchi un marais, défoncé une haie et sauté deux fossés, la torpédo se retrouva sur la route, en avant des éclaireurs ennemis, hors de leur atteinte aussi. Mais