Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures
CHAPITRE SIXIÈME. 197
tant cette mort glorieuse du champ de bataille qu'il ambitionne”, il arrive souvent à une remarquable longévité. N'est-ce pas du reste à cette sobriété dont il ne s’est jamais départi, au calme d’une conscience honnête, aussi bien qu'à l'hérédité que le Monténégrin doit cette faveur?
Dans son voyage au Monténégro le colonel Vialla de Sommières prétendait avoir vu, au village de Niégoche, une famille où vivaient à la fois six générations successives ; l'arrière-trisaïeul avait cent dix-sept ans, son fils cent ans, son pelit-fils quatre-vingt-deux ans et son arrière petit-fils soixante ans ; à son tour celui-ci avait un fils de quarante-trois ans et un petit-fils de vingt et un ans. Nous eussions mis en doute la véracité du voyageur français, si des assurances que nous ne pouvons suspecter et des faits cités à mainte reprise devant nous, n'étaient venus nous attester la fréquence chez les Montégrins d'une vieillesse excessivement prolongée, spécialement dans certaines familles, telles que celle des Pétrovitj, à laquelle appartient le chef actuel du gouvernement. C'est quelquefois au milieu de l'exercice complet de ses facultés physiques et morales, sans secousse et sans maladie, que la mort vient surprendre le vieux Tsernogortse : n’avons-nous pas vu Pierre I réunir ses chefs autour de lui pour leur dicter ses dernières recommandations et leur annoncer que son dernier jour était venu. Mieux que l'acteur antique, le vieux guerrier tsernogorise, arrivé au dernier acte du drame de cette dure
le Puisse-tu mourir dans ton lit! » est une injure commune qui montre jusqu'à quel point on regarde comme un suprême honneur de succomber devant l'ennemi,