Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

f

,

264 LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN,

rable des montagnes d’Albanie au-dessous desquelles le Skadarsko-Blato étend la nappe bleuâtre de ses eaux. Une partie de la plaine de Tsettinjé est aussi visible, mais la capitale elle-même reste cachée derrière l'arête montagneuse où s'appuie son vieux monastère.

Tout en cheminant on a pu faire une première étude des méthodes de culture des Monténégrins, et admirer déjà l'ingéniosité de ces procédés dont nous avons antérieurement parlé, et par lesquelsils arrivent à transformer une anfractuosité de rocher en un microscopique jardin, une pente abrupte en une succession de terrasses superposées, le rocher nu et stérile en un champ productif.

Nous n'avons plus maintenant qu'à mettre pied à terre pour descendre pendant une grande demi-heure une pente tortueuse et rapide, qui nous conduit jusqu’au village de Baïts, construit, suivant la coutume monténégrine, en demi-cercle sur la déclivité des rochers, au nord de la plaine de Tsettinjé. Une église se présente, devant laquelle les guides s'arrêtent, se découvrent, se signent plusieurs fois et font une courte prière; puis l'on passe devant la poudrière la plus importante de la principauté, pittoresquement placée sur des roches isolées, au milieu d'un massif de verdure. On continue de s’avancer ersuite sur un sol uni, entre de maigres cultures de maïs, d'orge, d'avoine et de pommes de terre, jusqu'à l'entrée de la petite capitale, dont on apercevait depuis quelques instants une partie. Mais avant d'y arriver on laisse sur sa droite un long bâtiment presque perdu dans les rochers et les broussailles : c’est le nouvel arsenal construit en 1870; l’église que l’on voit en face est celle de Vlachka. À quelques pas de celle-ci se dresse sur un tertre un petit monument en forme de dôme, surmonté