Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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simplicité. La grande tour carrée qui domine le monument ressemble elle-même plutôt à un immense pigeonnier à plusieurs étages, qu'à un campanile. Sur le prolongement du monastère lui-même existe un grand bâtiment plus moderne, dont le rez-de-chaussée sert de prison (spécialement pour les femmes), tandis que le premier étage est occupé par des écoles primaires, et que le second contient les modestes appartements du vladika et de son archimandrite. A l'extrémité opposée du monastère, on voit un grand espace sur les rochers, couvert de ruches à miel, qui, de loin, produisent absolument l'effet des tombes groupées dans un cimerière ottoman. L'évêque prodigue les plus grands soins à cette famille bourdonnante dont il tire chaque année un produit et un bénéfice assez considérables.

La petite église, à peine capable de contenir cent cinquante personnes, n'aurait de remarquable que ses riches ornements sacerdotaux, présents des empereurs de Russie, si elle ne renfermait les restes mortels des trois hommes les plus illustres que la Tsernagore ait possé-

dés depuis un siècle. De chaque côté de l'entrée on

aperçoit en effet les tombeaux du prince Danilo et de Mirko-Petrovitj, son frère, père du prince Nicolas. Une autre tombe, ou plutôt une chässe, dévotement ouverte à l’occasion des grandes fêtes, renferme le corps bien conservé du vladika Pierre 1, vénéré depuis vingt-cinq ans comme un saint par les Monténégrins !. Au-dessous

1 Après sa mort, son corps fut déposé au couvent de Stanjevitch; mais, sept ans après, un enfant ayant raconté que le prélat défunt lui était apparu la nuit entouré d'une auréole de lumière, on cria immédiatement au miracle. On ouvrit le cercueil, dans lequel on trouva le corps dans un état de conservation parfaite. La nouvelle de ce prodige Fe répandit rapidement dans le pays, et des instances furent faites auprès