Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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mange fraîche, au moment des pêches, est en réa‘hté un petit mugil, d'une longueur moyenne de douze à quinze centimètres, vivant en nombre considérable dans les parties supérieures du lac de Scutari, d'où, au commencement de l'hiver, il remonte un peu plus haut que l'embouchure de la Tsernoïevitja Riéka, en quête d’un habitat approprié à la saison, et d'une nourriture que le lac ne peut plus lui fournir à cette époque. Réunies en troupes innombrables, et formant de véritables bancs poissonneux, les scoranze ont acquis aux mois de janvier et février la taille et la saveur qui les rendent aptes à la préparation qu’elles doivent subir; c'est aussi le moment de la pêche pour laquelle on choisit de préférence les journées sereines, calmes et fraîches. Il est en effet indispensable que l’eau soit transparente pour que les éclaireurs, chargés d'indiquer, du haut des collinesyvoisines, le gîte du poisson dont les reflets argentés percent les couches liquides , puissent diriger par leurs cris les embarcations qui devront jeter l'immense filet où par millions les muges iront s'engloutir.

Quatre ou cinq grandes pêches seulement ont lieu chaque année, et elles suffisent d'ordinaire pour parfaire la récolte des scoranze. Le prince manque rarement de transformer par sa présence la première de ces pêches en une grande partie de plaisir, à laquelle prennent part les sénateurs et quelquefois aussi des étrangers de distinction. Le jour étant fixé, tous les préparatifs sont faits à Plotcha pour que l'opération commence à l’arrivée des embarcations portant le prince et sa suite. Le filet étendu sur la rive est méthodiquement embarqué dans une grande londra, puis porté au large-où l’attendent de nombreux petits canots, destinés à le diriger dans