Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE NEUVIÈME. 285

fois tellement chargées de poisson, qu’ils en remplissent des barques préparées à cet effet, et bien autrement grandes que leurs batelets. Une fois que les nasses ont été vidées, on les remet en place, et, de deux jours l'un, on recommence la même pêche au plongeon. On voit à l'occasion de ces pêches se réunir grand nombre de gens de toute classe, auxquels les propriétaires des nasses font de grandes largesses de poisson. »

Depuis le commencement du dix-septième siècle, où Bolizza écrivait ce récit, bien des choses ont changé sur les rives du lac de Scutari; les grands saules et Les peupliers ne sont plus là pour recevoir les mvriades d'oiseaux plongeurs, et l'espèce de ceux-ci, sans avoir disparu, est au moins devenue infiniment plus rare. Mais la pèche des scoranze, en changeant de méthode et de caractère, a pourtant retenu qnelques-uns des traits qui la rendaient jadis si curieuse; elle est encore aujourd'hui un des plus intéressants souvenirs de voyage que l'étranger puisse rapporter de la Montagne-Noire.

De l'embouchure de la Tsernoïevitja Riéka, on peut se rendre en une heure à Vir-Bazar. La jolie rivière qui conduit au village, et la vue d’un coin de la riche Tsernitsa, donneront à cette excursion, un véritable attrait ; on pourra, du reste, visiter encore en passant la forteresse de Lesendra, construite sur l'un des cinq ilots où jadis existaient des couvents de moines orthodoxes. L'un de ces ilots, celui de Vranina, situé en face de l’embouchure de la Moratcha, offre dans sa configuration l’aspect d'une selle turque. Sept heures sont nécessaires pour aller de Lesendra à Scutari, pendant l'été, c'est un voyage des plus agréables, et que l’on peut à volonté exécuter de nuit, si lon ne tient point à jouir du coup